Il n’y a pas de fatalité à ce que 319 millions d’Africains vivent sans eau potable[1] alors que le continent dispose de 3 400 milliards de mètres cubes d’eau renouvelable par an et n’en consomme que 5,5 %[2]. Il n’y a pas de fatalité non plus à ce que l’insuffisance des infrastructures de production et de distribution d’eau coûte à l’Afrique chaque année 4, 3 % de son Produit intérieur brut (PIB)[3] alors que les investissements nécessaires pour remédier à cette situation sont estimés à 21,9 milliards de dollars par an[4], soit 1 % du PIB africain. L’accès à l’eau n’est pas un coût mais un gain.
Face à ces défis, l’heure n’est pas au dogmatisme caduc qui empêche de travailler ensemble les États, les tutelles, les régies publiques, les partenaires au développement, la société civile et les opérateurs privés. Chacun de ces acteurs peut et doit apporter sa contribution au bénéfice des consommateurs tant individuels que professionnels. L’heure est à la lucidité et au pragmatisme en s’appuyant sur des succès africains déjà existants qu’il faut consolider et dupliquer, et non fragiliser sous prétexte de vouloir réinventer des modèles qui fonctionnent déjà.
En finir avec le dogmatisme caduc
Chez Eranove, nous sommes convaincus que la réussite repose notamment sur la mise en valeur de l’expertise et du professionnalisme africains, la mise en œuvre de solutions innovantes et la qualité du partenariat public-privé pour permettre aux entreprises d’apporter leurs savoir-faire et des financements, aux bailleurs de sécuriser le remboursement de la dette et aux États de fournir aux populations un service public à un prix raisonnable et acceptable.
Ces défis sont possibles. Au Sénégal, la ville de Dakar s’est vue décerner en septembre 2016 par la Banque mondiale le 1er prix pour l’efficacité de la gestion de son réseau par la Sénégalaise des Eaux (SDE). Le taux de couverture de la population urbaine en eau potable est passé de 80 % à 98,5 % entre 1996 et 2015. Cela représente un triplement du nombre de clients, passé de 241 000 à plus de 700 000 en décembre 2016.
Des solutions pragmatiques face à des défis urgents
Soyons pragmatiques : pour améliorer la qualité de l’eau, étendre les réseaux de distribution, éviter les gaspillages, installer les branchements pour atteindre les populations les plus démunies et financer les gigantesques investissements, ce sont les synergies entre l’ensemble des acteurs qu’il faut rechercher. Soyons clairs aussi : il n’existe pas de modèle universel pour les secteurs hydrauliques en Afrique et les solutions ne sont pas simples. Mais il y a quand même des retours d’expérience sur lesquels il convient de s’appuyer.
Les succès des secteurs hydrauliques ivoiriens et sénégalais, portés notamment par Eranove et ses filiales, ont été impulsés par des cadres institutionnels propices permettant l’émergence de partenariats public-privé (PPP) solides qui se poursuivent grâce à une volonté politique continue. Sans ce cadre institutionnel et cette volonté permettant la coopération efficace entre tous les acteurs, les opérateurs privés ne sauraient devenir des « leaders africains ». Les clés du succès sont notamment la définition claire des missions et des responsabilités de chacun avec la création d’un cadre de dialogue pour surmonter les difficultés, anticiper les enjeux futurs et accompagner la réalisation des grands travaux. L’autonomie de gestion de l’opérateur est ainsi préservée, avec une évaluation de ce dernier selon des critères de performance clairs. Ce partenariat de confiance fonctionne dans les deux sens car il implique aussi le respect des engagements de l’autorité concédante : anticipation et planification des investissements, mobilisation des financements de type concessionnel, ajustement des tarifs… Cette capacité à travailler ensemble tant au quotidien que sur les options stratégiques à long terme constitue une condition sine qua non pour atteindre les nouveaux Objectifs de développement durable (ODD).
[1] OMS/Unicef
[2] FAO, Aquastat 2015
[3] Nations Unies
[4] Banque africaine de développement